La grammaire normative telle qu'elle est enseignée à
l'école primaire a un but prescriptif et normatif. Elle ne cherche pas à
décrire la manière dont les gens parlent, mais plutôt à imposer une langue à
partir de règles strictes, à codifier une variété du français (un registre de
langue). Pour résumer, la grammaire traditionnelle impose une norme, mais
n'essaye pas de comprendre ou de déterminer l'usage réel d'une langue par un
locuteur.
è
Une grammaire normative : description complète des conventions grammaticales
d’une langue fixée par une institution.
è
Correspond le plus souvent à une grammaire de la langue écrite, la langue
standard, voire soutenue (pas forcément celle que l’on utilise tous les jours).
è
Et correspond aussi sans doute à votre idée de la grammaire.
Pour le
français, c’est l’Académie Française qui fixe ces normes. C’est aussi les
œuvres littéraires qui cautionnent l’emploi d’une tournure de phrase.
Exemple #1 :
La grammaire normative va forcer l'utilisation de "bien
que" au lieu de "malgré que", ou bien l'utilisation de "la
voiture de ma sœur" face à "la voiture à ma sœur"
(1) a. Il se présente aux élections présidentielles bien qu'il n'ait
aucune chance d'être élu.
b. %Il se
présente aux élections présidentielles malgré qu'il n'ait aucune chance d'être
élu.
(2) a. Il est allé chez le dentiste.
b. %Il est
allé au médecin.
è Le
signe % assigné à un énoncé signifie que celui-ci ne correspond pas à du
français standard, qu'il n'est pas strictement bien formé
è
Problème lié à cette perspective de la grammaire, vue seulement comme un objet
contraint par des normes : ne prend pas du tout en compte tous ces énoncés
non-standards dont certains apparaissent très couramment (voir l'exemple de la
négation en français où le "ne" a disparu des énoncés oraux bien qu'on
n'ait appris aucune règle pour cette effacement).
Il existe
une perspective plus intéressante dans l'étude de la grammaire d'une langue
(voir définitions 2 et 3).
Grammaire (d'un point de vue linguistique) :
2. ensemble
des structures et des règles qui permettent de produire tous les énoncés
appartenant à une langue et seulement eux.
3. étude
systématique des éléments constitutifs d'une langue donnée.
è
CE COURS S'INSCRIT BIEN EVIDEMMENT DANS CETTE PERSPECTIVE LINGUISTIQUE.
Dans cette
perspective, l'étude des règles et des structures qui régissent une langue a 2
buts (Ø
normatif), un but descriptif et un but prédictif.
è
Correspondent aux buts de la linguistique :
-discipline
cherchant à décrire les langues, d'où cette dimension descriptive.
-discipline
qui vise aussi à faire des prédictions sur les langues.
Retour sur Exemple #1 :
b. %Il est
allé au médecin.
è
Question que l'on peut se poser en linguistique : si ces énoncés sont
proscrits en français, pourquoi apparaissent-ils ?
Réponse #1 : parce
qu'ils ne sont pas agrammaticaux, mais juste mal formés.
è
Notre grammaire ne doit pas complètement exclure ces énoncés puisqu'ils
apparaissent.
Réponse #2 :
Intuitivement, on peut comprendre pourquoi ces exemples apparaissent.
è Pour (3)a,
sorte d'accommodation/assimilation morphologique : notre grammaire
contient de nombreuses conjonctions complexes du type Adv./Prép.+que (parce que,
bien que, lors-que, dès que, après que, avant que…)
è Pour (3)b,
sorte d'accommodation/assimilation sémantique : on associe le COD du verbe
"aller" seulement comme un lieu, légitimant ainsi l'utilisation de
"au". On pourrait paraphraser : "je vais à l'endroit où se
trouve mon médecin".
è
CELA NE SIGNIFIE PAS QUE L'ON PEUT FAIRE CE QU'ON VEUT
1 commentaire:
Ce texte est un copié-collé du cours de linguistique de Nicolas Guilliot, vous auriez pu au moins mentionner son nom ou mettre un lien vers sa page...
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